Les magasins généraux abritaient à Pantin les anciens greniers de la capitale. BETC, agence de publicité à la paternité de nombreuses campagnes devenues célèbres, s'y installe après que le bâtiment fut un des temples du street art parisien. Paris déborde sur sa banlieue proche et cherche de nouvelles polarités. Les codes changent également : l'agence s'essaie aux bureaux libres et fabrique au sein d'un nouveau lieu une nouvelle atmosphère dédiée à la créativité de ses équipes.

“Dans le monde du travail, on se soucie de moins en moins de l’influence des lieux sur les gens. Alors, pourquoi choisissons-nous de prendre le temps d’y penser ? Parce que ce soin et ce temps consacrés à la localisation, la conception et la construction de notre lieu de travail sont des investissements. Qui, selon notre expérience, donnent de bons résultats.” Mercedes Erra et Rémi Babinet

Depuis les années 1930 les Magasins Généraux ont connu plusieurs vies. Au départ transitaient grains, céréales, farines, papiers et tissus... Puis le bâtiment a été occupé par les douanes avant d'être abandonné et investi par les maitres parisiens du street art. Le bâtiment recouvert de fresques et de graffitis multiples exposait encore il y a quelques mois sa peau artistique le long du canal. Il a récemment subi une reconversion lourde l'offrant ainsi sous un nouveau jour aux publicitaires de BETC.

Le lieu atypique jouit d'un emplacement devenu ou qui deviendra exceptionnel. Premier emblème accompli du renouveau de ce quartier de Pantin il bénéficie d'un large espace public et d'une façade entière tournés sur le canal. La reconversion menée par Frédéric Jung ne néglige en rien cet atout : il ouvre généreusement le lieu et de grandes baies contemplent l'eau et les quartiers alentour, encore marqués par de nombreuses manufactures. Des coursives filantes, déjà présentes dans le bâtiment original, sont également restées accessibles et des bancs permettront bientôt de travailler et d'utiliser ces extérieurs.

Le mot du projet semble être la liberté, en tout cas il est à la base du concept de ce nouveau lieu. Outre la réhabilitation offrant de grands plateaux libres placés sous les codes graphiques de vocables industriels (vestiges de bétons, poutres et métaux apparents, passerelles,..) l'intérêt du projet réside dans sa nouvelle organisation obligeant l'architecture à se tourner vers la fluidité et l'appropriation éphémère. Les grands plateaux libres sont occupés par de grands bureaux libres eux aussi. Personne n'a de bureau à soi, seuls des casiers à taille réduite peuvent être appropriés et chacun occupe l'endroit qu'il souhaite. Différentes bulles ou cocons sont néanmoins installés, pour certaines elles offrent des dispositions techniques particulières (acoustiques, colorimétriques...), d'autres sont des lieux calmes ou isolés. L'organisation se veut horizontale, les cadres et les responsables des différentes sections ont droit au même traitement : le lieu oublie la théâtralisation du bureau du chef et mise sur la création d'une communauté.

Architecturalement, les magasins généraux sont un grand vaisseau de béton séparé par une faille tranchant le bâtiment en deux. Le bâtiment, trop épais pour éviter la question, se dote de deux patios devenant de véritables atriums traversés de passerelles. Ils offrent un extérieur en plus apportant de l'air et de la lumière au cœur du bâtiment. Seuls les deux premiers niveaux sont continus et abritent des fonctions nécessitant de plus larges espaces. Pour redonner de la chaleur au projet, l'architecte a recouvert les nouvelles façades des patios avec un parement de bois contrastant avec le minimalisme colorimétrique, certes élégant mais monotone, de l'architecture originelle.

Le bâtiment n'est cependant pas seulement habité de plateaux offerts aux bureaux. Différents pôles ponctuent le bâtiment et complètent le programme. Ainsi une cantine, aux accents novateurs, est prévue au premier étage ; un lieu accueillera différentes expositions ; et des salles de sport sont ouvertes... La pièce maitresse est le toit où un café prévu pour les réceptions avec un accès direct sur un jardin en attique...

Photographies : Hervé Abbadie, Meffre&Marchand et Philippe Garcia

Pour en savoir plus, visitez le site de Frédéric Jung et de BETC

 



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