Jusqu'au 10 juin 2018, la Fondation Cartier pour l'art contemporain de Paris (14e) offre à ses visiteurs un voyage au cœur de l'œuvre de l'architecte japonais Junya Ishigami. Une quarantaine de maquettes conçues spécialement pour l'occasion, accompagnées de films et de dessins, composent ainsi une promenade poétique intitulée « Freeing Architecture ».

Pensée elle-même comme un projet d'architecture, l'exposition répond à l'un des enjeux majeurs de l'artiste : considérer le contexte comme partie intégrante de la réalisation. En effet, Junya Ishigami perçoit le premier art comme un phénomène naturel. C'est pourquoi des formes telles que la forêt, le rocher ou les animaux dessinent son imaginaire onirique, tout en effaçant la frontière entre le dehors et le dedans.

Autour de maquettes façonnées à la main pendant près d'un an, de croquis et de documents techniques, l'on observe la construction d'œuvres phares de ce lauréat du Lion d'or 2010 de la Biennale de Venise. Parmi elles, la salle d'études de l'Institut de Technologie Kanagawa (Japon), espace de plus de 2 000 mètres carrés de plain-pied habillé de verre uniquement composé de 305 fines colonnettes, de sections variées, entre lesquelles se trouvent des zones de travail : menuiserie, administration, impression, etc. Un foisonnement de fins potelets, qui n'est pas sans évoquer une forêt de bambous.



« J'aime penser librement, avoir une vision la plus souple, la plus ouverte, la plus subtile possible, pour dépasser les idées reçues sur l'architecture. » Junya Ishigami, architecte

Bien plus qu'une source d'inspiration ou un obstacle, la nature fait partie la réalisation. Le bâtiment devient alors un élément à inscrire dans le paysage, qu'il doit non pas supplanter mais magnifier. Junya Ishigami, reconnu dans le monde entier pour la délicatesse de ses constructions, esquisse sa vision d'une architecture qui ne cherche pas à dominer son environnement, seulement à le servir.
À Tochigi (Japon), l'architecte a transformé un jardin de plus de 16 600 mètres carrés en un lieu surnaturel où des arbres provenant de la parcelle de l'hôtel limitrophe en construction se mêlent à une myriade de marres irriguées par l'ancienne vanne de la rizière existante.

Plus féérique encore, la Maison de la Paix à Copenhague (Danemark), nuage monumental de 17 mètres de hauteur sous lequel une centaine de visiteurs peut naviguer à bord de barques circulaires. Ou encore une maison/restaurant réalisée en béton moulé directement sur des monticules de terre, excavés par la suite afin de laisser place à des espaces de vie. Tout au long de l'exposition, Junya Ishigami nous dévoile un univers presqu'enfantin, dans lequel il semble s'affranchir de toute contrainte technique... et pourtant ses édifices ne sont pas des chimères.

Une flânerie contemplative hors du temps qui ravira les plus grands rêveurs.

Junya Ishigami, « Freeing Architecture » jusqu'au 10 juin 2018 à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris (14e)

Pour en savoir plus, visitez le site de la Fondation Cartier.

Photographies : Luc Boegly



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