Bijou d'architecture néo-classique érigé en 1776 par Jacques-Denis Antoine, l'Hôtel de la Monnaie de Paris (6e) renaît grâce à l'intervention de l'architecte Philippe Prost, après six années de travaux en site occupé. Un défi de taille relevé avec brio par l'architecte français, qui relie dorénavant ce site d'exception aux métiers d'art qu'il abrite.

Les amateurs de pièces, d'artisanat, d'architecture et de bonnes tables ont dorénavant un lieu de rendez-vous en commun, la Monnaie de Paris. Sous une enveloppe datant du XVIIIe siècle, de multiples structures se mêlent en effet ici : une boutique ; un café, Frappé ; un musée contenant trois espaces d'exposition, le 11 Conti ; un restaurant, celui de Guy Savoy ; et des ateliers d'outillage et de gravure ; dans ce qui est la dernière usine de la Capitale. Un village d'irréductibles Gaulois situé au cœur du mythique quartier de Saint-Germain-des-Prés où sont encore frappées des médailles et quelques 200 000 pièces par an ! dont une partie de celles de 2 euros. « Ce n'est pas une réserve d'Indiens ou Disneyland », revendique ainsi haut et fort son PDG, Aurélien Rousseau.

Le projet de Philippe Prost rend son aspect originel au bâtiment de Jacques-Denis Antoine, qui, à force de rénovations, s'était vu obstrué et dénaturé. Plus globalement, il redonne ses lettres de noblesse à cet édifice de 1,3 hectare classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, situé entre les quais de Seine, la rue Guénégaud, l'impasse de Conti et un îlot bâti dense : la Parcelle de l'an IV. Pour ce faire, le maître d'œuvre ajoute deux entrées et crée un nouveau parcours intérieur autour duquel s'organisent les différents programmes. La manufacture est dorénavant clairement montrée, revendiquée, et devient elle-même une partie musée ; un musée vivant : le « 11 Conti », une balade architecturale où alternent ateliers et galeries mises au service des 170 000 œuvres appartenant à l'institution, dont 35 000 monnaies. Une scénographie directement en lien avec la production du lieu, donc – contrairement aux espaces d'exposition temporaires, qui, eux, traitent de tout sujet, et prennent place dans l'étage des nobles, face à la Seine. Si la plupart des objets de la collection permanente sont positionnés dans des vitrines, d'autres prennent place sur des tables de frappe d'origine ou sur du mobilier évoquant l'artisanat numismatique.

Ainsi, la frappe de monnaies retrouve une place de choix dans la cour d'honneur et est agrémentée de divers studios spécialisés, éparpillés tout le long du monument. Un nouvel atelier d'outillage et de gravure voit également le jour à la place de l'ancien mur d'enceinte, entièrement recouvert de panneaux de cuivre perforés métaphorisant les planches dans lesquelles sont découpés les flans des pièces.

« L'utilisation du métal dans le projet relie le lieu à l'œuvre. Il est symbole de transformation, non pas du pas du métal, mais du bâtiment. » Philippe Prost, architecte

Pour finir, l'architecte dessine une nouvelle boutique dans l'ancienne fonderie du quai de Conti, mise en valeur par un puit de lumière zénithal provenant d'une lucarne culminant à 17 mètres de hauteur. Ce lieu commerçant, largement vitré, l'un des seuls espaces visibles depuis l'extérieur, constitue la vitrine du projet. « Ouvrir la Monnaie de Paris sur la ville n'était pas facile car il s'agit d'un site régalien, qui devait pouvoir se protéger, se défendre », livre l'architecte.

Si le monument vient de rouvrir ses portes, le projet ne prendra fin qu'en 2019, avec la création d'un nouveau passage et d'un jardin en partie est, côté Parcelle de l'an IV. L'occasion de redécouvrir ce lieu situé à mi-chemin entre architecture classique et contemporaine, entre art et industrie.

Le projet est sélectionné pour les ArchiDesignclub Awards 2018 dans la catégorie Culture/Musée et espaces d'exposition

Pour en savoir plus, visitez le site des ArchiDesignclub Awards et d'Atelier d'architecture Philippe Prost

Photographies : adagp



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