Quel meilleur terrain de jeux pour un agenceur que les fameuses hutongs de Pékin (Chine), ces traditionnelles ruelles étroites et labyrinthiques qui fourmillent d'activités ? Zhang Ke, du groupe ZAO/Standardarchitecture, expérimente ainsi dans l'un de ces quartiers un peu spéciaux, les notions paradoxales d'intimité et de partage, dans une étrange construction aux volumes saillants.

Les hutongs, ces ruelles composant le centre-ville de Pékin, sont de plus en plus désertées par leurs habitants qui leur préfèrent la périphérie de la mégalopole, disposant de logements plus grands et de plus larges espaces extérieurs. Partant d'une analyse critique de cet exode et à l'occasion de la Beijing Design Week de 2013, Zhang Ke installe dans le creux d'une rue en L une microarchitecture dans le but d'attirer les curieux et de rassembler les habitants du quartier de Dashilar.

Le long de deux maisons en béton, le visiteur pénètre par une entrée en métal dans ce qui semble être une masure en décrépitude, arborant une façade en tôle ondulée et planche de bois de récupération, typiques des venelles pékinoises. Après avoir passé une salle d'accueil de 30 mètres carrés, sans cloison ni fenêtre ni porte, où seuls un canapé et quelques cousins semblent sous-entendre la fonction de salon, le promeneur découvre un atrium pavé de 10 mètres carrés, dont les matériaux – verre et ciment –, et les lignes contemporaines tranchent avec les pignons voisins faits de bric et de broc.

Autour de ce patio, cinq impressionnants volumes vitrés irréguliers disposés sur deux niveaux, semblent se disputer le peu d'espace disponible. La cuisine et les toilettes sont littéralement exposées dans les deux blocs du rez-de-chaussée, tandis que les trois unités de couchage sont perchées plus haut dans trois cubes accessibles par des échelles et d'étroits passages.
Ces modules de contreplaqué enduits de ciment anthracite, allant de deux à trois mètres carrés, sont introduits dans une structure métallique adaptable à toutes les configurations, offrant ainsi une multitude de possibilités de montage et de démontage dans d'autres lieux.

Les vis-à-vis entre unités créent alors un jeu entre dedans et dehors, et entre les occupants des boîtes qui sont libres de voir et de se faire voir. Ici la notion d'intimité est gommée. Des sanitaires ont quant à eux été placés à l'extérieur, de l'autre côté du bâtiment, à l'abri des regards cette fois ; offrant par ailleurs aux voisins un petit coin flambant neuf.

Un curieux OVNI, situé entre mise en scène artistique et architecturale, qui sera exposé lors de Biennale d'Architecture de Chicago 2017-2018, afin de démontrer le rôle des maîtres d'oeuvre dans la revitalisation de centres anciens délaissés.

Pour en savoir plus, visitez le site de Standardachitecture
Photographies : ©ZAO/Standardarchitecture



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