Depuis près de deux siècles, James – du nom de son fondateur, Célestin James – se détache par un travail du bois de haute qualité. Petit atelier d'ébéniste à l'origine, la maison a rapidement pris de l'ampleur, devenant une référence dans l'édition de mobilier contemporain en bois, puis dans l'agencement de lieux prestigieux. Thomas Guinet, directeur général de James 1840, nous a ouvert les portes de leur atelier situé à Saint-Laurent-de-Cuve (50), lieu aussi étonnant qu'historique.

Le récit débute en 1840, à Saint-Laurent-de-Cuve (50), dans l'atelier sans prétention de Célestin James. Spécialiste du mobilier artisanal, le menuisier normand transmet son savoir-faire d'exception aux générations suivantes. En 1983, le 5ème du nom, Rémi James, fait prendre à l'entreprise familiale une nouvelle dimension, et passe, dans les années suivantes, de l'élaboration d'armoires normandes à celle de mobilier design haut de gamme, puis enfile la casquette d'agenceur d'espace, agrémentant hôtels, restaurants et autres espaces de renom de leur virtuosité. Le déclencheur ? Une prise de conscience quant à la concurrence sur le marché de l'ébénisterie qui pousse Rémi James à diversifier son secteur d'activité. Et quelle bonne idée !

Toujours basés à Saint-Laurent-de-Cuve, les ateliers sont passés de petits locaux confidentiels à véritable siège de quasiment 5 000 mètres carrés aujourd'hui. Un agrandissement significatif de l'implication toujours très forte de James 1840 dans son temps. Producteur de mobilier à petite échelle, la société s'adapte à la fin des années 1980 au nouveau monde qui se présente à elle. En 1989, la chute du mur de Berlin marque l'ouverture des frontières et enclenche de nombreuses importations de pays jusqu'alors absents du marché, qui lui est en pleine mutation. C'est aussi l'époque de l'avènement d'Ikea et consorts qui modifient complètement les modes de consommation, le tout sur fond de crise économique majeure. Il devient donc crucial pour les entreprises déjà en place de se conformer à ce nouveau monde.

C'est ainsi qu'en 1993, Rémi James acquiert un nouveau savoir-faire : la gestion de projet, qui s'ajoute à une connaissance aiguë de l'ébénisterie. « Ce qui change surtout, c'est la notion de chantier, de suivi et l'interaction avec d'autres corps de métier. Quand on fait du mobilier, on le fabrique et l'installe. Quand on fait de l'agencement, on est lié à toutes les étapes de l'élaboration du projet », souligne Thomas Guinet. Le premier projet de taille importante à l'export voit le jour en 1998 : il s'agit d'un hôtel particulier à Sao Paulo (Brésil) qui souligne le caractère avant-gardiste et entreprenarial de Rémi James. « Aujourd'hui ça peut paraître commun de parcourir le monde pour réaliser un projet, mais à l'époque, il ne fallait pas avoir froid aux yeux. » poursuit l'actuel directeur général. S'en suivent l'ouverture d'une filiale en Turquie – aujourd'hui close – (2002), des collaborations au Maroc et en Europe de l'Est ainsi qu'une restructuration plus axée sur l'hôtellerie en 2008 et surtout plus légiférée. « Avant la crise, il y avait plus d'insouciance dans notre domaine. La crise met fin à cela, notamment avec l'arrivée des AMO et de réglementations plus strictes. Cela nous a obligé à nous positionner différemment par rapport à la concurrence, à multiplier les projets d'exception et à grandir ». Et des réalisations de prestige, l'entreprise ne les compte plus ! De l'hôtel Molitor (16ème arrondissement) au Carrousel du Louvre (1er arrondissement) en passant par le Musée d'Histoire Naturelle de Bordeaux (33), les agenceurs normands offrent leur expertise aux hauts lieux de l'hôtellerie, de la culture et du commerce.

Si aujourd'hui James 1840 regroupe plusieurs entreprises artisanales et répond à diverses problématiques, la société conserve un désir de valoriser le savoir-faire d'ébéniste en favorisant l'emploi de Compagnons du Devoir, l'actuel directeur y ayant lui-même été formé. Voguant entre tradition et innovation, la firme vient actuellement de mettre au point le Selun – ou BHS pour « bois hybride biosourcé » –, un matériau révolutionnaire cumulant des propriétés étonnantes. Ces panneaux de particules composés de farine de bois et de cellulose ont notamment la particularité d'être dépourvu de formaldéhyde, une vapeur toxique émanant notamment de la colle et du plastique, classée comme cancérogène de catégorie 1B en 2014. De plus, ils sont thermoformables, soudables et 100% réutilisables, ce qui marque une réelle avancée éthique et écologique dans le domaine de la construction.

Bien installé sur le marché du bois et de l'agencement d'espaces, James 1840 semble ouvrir un nouveau chapitre à une histoire déjà bien remplie.

Pour en savoir plus, visitez le site de James 1840

Photographies : Zoé Térouinard pour Muuuz

Zoé Térouinard



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