Warren et Laetitia se sont rencontrés sur les bancs de l’université Panthéon-Sorbonne, puis sont partis étudier à l’université de Strasbourg. Après l’obtention de leur diplôme de master en design, Waren s’est formé dans l'agence de l’architecte et designer Antoine Phelouzat à Paris, Laetitia a fait ses armes auprès de la designeuse industrielle Irena Übler au Portugal. En 2018, ils décident de travailler ensemble et fondent le studio warren & laetitia.

Muuuz : Quand et pourquoi avez-vous choisi de créer ensemble votre studio de design ?
Warren et Laetitia : Nous avons décidé de nous associer en 2019, un an après la fin de nos études. Suite à nos expériences professionnelles respectives, nous avons ressenti le besoin de créer notre propre studio de design et eu envie de continuer à travailler ensemble comme nous avions pu le faire à plusieurs reprises durant nos études.

Quels objets avez-vous commencé par imaginer et fabriquer ?
Notre premier objet imaginé ensemble pour notre studio est la soucoupe pour plantes baptisée « flocflac ». Aujourd’hui édité par batch.works, cet objet n’est pas fabriqué par notre studio. Notre premier objet produit en auto-édition est le double bougeoir 2.20.

Vous fabriquez principalement des objets imprimés en 3D à partir de matériaux recyclés et recyclables. Pourquoi avez-vous choisi ce mode de production ?
Dans un premier temps, nous n’avions pas envisagé l’impression 3D comme un mode de production. C’est d’ailleurs pourquoi la soucoupe Flocflac a évolué entre le prototype que nous avions réalisé et l’objet produit par batch.works. Nous avons dû redessiner la soucoupe pour l'adapter à la production en impression 3D. C’est comme ça que nous avons commencé à concevoir des objets spécifiquement pour être produits en impression 3D. Ce mode de production nous permet de produire nos objets nous-même et donc de garder la main sur la qualité et le contrôle de la chaine de production.
Le choix de matériaux s’est fait assez naturellement car nous ne voulions pas travailler avec des matériaux non recyclables. Assez rapidement, nous avons commencé à collaborer avec Reflow qui produit du filament pour impression 3D recyclé à 95% et recyclable jusqu’à dix fois. Cela nous semble être une bonne alternative, car le plastique est un matériau de moins en moins apprécié, on l’associe directement au plastique à usage unique qui est une énorme source de pollution. Travailler en collaboration avec Reflow, qui recycle justement du plastique à usage unique, nous permet de produire des objets en plastique recyclé à usage multiples. Cette démarche a beaucoup de sens pour nous.

Quels sont les avantages de l’impression 3D ?
L’impression 3D comme mode de production a différents avantages. Elle nous permet notamment de travailler avec très peu de stock et de posséder nos propres machines. Aujourd’hui, nous travaillons avec quatre imprimantes qui nous permettent de répondre assez rapidement à nos commandes d’autant plus que nous imaginons nos objets en prenant toujours en compte leur temps de fabrication afin d’optimiser au mieux notre production.

Et ses inconvénients ?
Selon nous, les principaux inconvénients de l’impression 3D sont liés à nos choix de conception. Nous essayons de concevoir autant que possible des objets « rapides » à produire. Les imprimantes 3D sont parfois un peu capricieuses surtout quand nous cherchons à obtenir un rendu précis. Nous passons donc beaucoup de temps à affiner les réglages de nos machines mais c’est cool et satisfaisant. C’est sûrement notre côté un peu nerd.

Vous fabriquez des objets du quotidien, et proposer de les concevoir selon trois principes : la modularité, la possibilité de réglage ou d’ajustement, et l'appropriation. C'est-à-dire ?
Oui, nous aimons concevoir des objets du quotidien, tout en y intégrant certains principes auxquels nous tenons beaucoup. Par exemple, le demi-vase Mimo est une extension de bocal alimentaire. Chaque demi-vase est compatible avec au moins deux diamètres de bocaux, ce qui permet une certaine flexibilité. C’est ce processus d’appropriation de l’objet qui nous intéresse. On peut choisir son bocal avec lequel on veut faire un vase et le changer ou non. La notion de choix est centrale dans notre studio car nous souhaitais laisser aux utilisateurs le choix de l’usage. Le double bougeoir est un autre exemple, c’est un seul objet pour deux usages potentiels, pas radicalement différent l’un de l’autre, mais quand même différent. Tous nos objets ne sont pas pensés en suivant systématiquement ces principes, mais dès que l’on peut on essaie de leur appliquer. C’est une méthode de travail assez intéressante parce que cela peut donner naissance à des formes nouvelles.

Depuis 2019, vous travaillez avec batch.works. Comment abordez-vous cette collaboration ?
Nous avons beaucoup de chance de collaborer avec batch.works car ce partenariat a commencé très peu de temps après la création de notre studio. Batch.works nous a contacté pour éditer notre premier objet : la soucoupe pour plantes Flocflac. C’est une collaboration qui s’est fait rapidement et c’était chouette car cela nous a permis de participer au London design festival en 2019.

Quelle est votre démarche créative ?
C’est une bonne question ! Nous dessinons assez peu surtout parce que nous avons la possibilité de prototyper très tôt et très vite grâce à l’impression 3D. La plupart du temps, nous faisons plusieurs prototypes imprimés en 3D et nous échangeons beaucoup entre nous sur les changements à apporter. C’est d’ailleurs la seule chose que nous faisons vraiment à deux, car c’est dans l’échange que nous trouvons les réponses aux problèmes qui se posent lors de la création de nos objets. De plus, le fait de passer par l’impression 3D lors du prototypage nous permet aussi d’anticiper toutes les questions liées à la production du futur objet, car nous utilisons la même machine pour prototyper et produire nos objets.

Pouvez-vous nous parler de votre approche écoresponsable du design ?
Nous avons un peu de mal avec l’adjectif écoresponsable, c’est d’ailleurs pourquoi nous ne l’employons jamais pour qualifier notre travail. Nous faisons des choix qui nous semblent évidents comme la production locale, les matériaux recyclés et recyclables français ou européens, et nous ne proposons pas d’expédition en dehors de l’Europe. Nous allons d’ailleurs bientôt pouvoir proposer une livraison à vélo à Paris. Mais cela ne fait pas partie d’une stratégie qu’on pourrait qualifier d’écoresponsable parce que c’est juste du bon sens pour nous et on ne se voit pas faire autrement. Le terme « écoresponsable » est polysémique et ses critères réels restent flous. Nous ne préférons donc pas l’utiliser par peur de tomber dans le champ lexical du greenwashing.

Et après ?
Aujourd’hui, nous avons plusieurs idées de projets auxquelles nous réfléchissons et que nous souhaiterions développer mais, comme nous travaillons souvent en autoédition, la production de nos objets nous prend beaucoup de temps. Nous aimerions beaucoup fabriquer notre propre plastique recyclé, mais c’est assez complexe surtout pour obtenir un matériau stable donc c’est plutôt de l’ordre du rêve… Sinon nous souhaiterions proposer des objets composés uniquement de matériaux recyclés. Pour certaines couleurs, nous ne trouvons pas de matériaux recyclés.

Pour en savoir plus, visitez le site du studio warren & laetitia.

Visuels : © warren & laetitia

La Rédaction

 



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