L’histoire qui réunit Loïc Bigot, fondateur de la galerie Tools (2003) et le designer Guillaume Delvigne est un compagnonnage fait de fidélité et de respect mutuel. La genèse de leur rencontre s’inscrit en 2008, à Milan.

Milan, ce haut-lieu du design, où Guillaume Delvigne a étudié pendant 6 mois à l’école Politecnico, pendant son cursus à l’école de Design de Nantes Atlantique. Il y reviendra à la fin de ses études et pendant trois ans, travaillera ensuite dans l’atelier du designer George Sowden, un des membres fondateurs du groupe Memphis en 1981. 

Cette collaboration qui mêle industrie et recherche, change sa perception du métier. Aux côtés de Sowden, il s’affranchit de l’académisme et découvre une nouvelle façon d’exprimer le design par un dessin libre et engagé. 

De retour à Paris, il complète son parcours dans le studio des Radi designers, puis de Delo Lindo et Marc Newson. Instruit par ces rencontres, révélé à lui-même, il dessine ses premiers modèles en 2004 tout en travaillant pour d’autres. Il s’établit véritablement en indépendant en 2011.

Pour amorcer leur collaboration, Loïc Bigot présente la lampe Campane (2009), en verre soufflé et résine dans une exposition de groupe.

Les expositions en solo arrivent en leur temps, « Relief(s) » (2011) et « Stools4Tools » (2015) et confirment la justesse et la sensibilité du designer Guillaume Delvigne. 

Par une conception à la fois millimétrée et sculpturale, l’objet projeté balise le paysage domestique. La matière exprime en une alchimie créative, le lien entre l’espace et la terre et concentre une énergie qui fait sens, une tension palpable.

Permanent dans sa recherche, Guillaume Delvigne pour sa nouvelle exposition, prolonge celle de 2015, consacrée aux tabourets Stools. Il bouge le curseur du dessin, en hauteur et en largeur pour conduire la fonction de tables d’appoint, avec des formes plus généreuses mais d’une extrême précision. 

La collection se décline en cinq temps, cinq fragments d’une pensée qui engage une attention à la technique et à la forme, cinq parties d’un tout. Le mobilier suscite deux lectures différentes : une vision sculpturale en trois dimensions où se concentrent le plein et le vide et l’objet de design, serviteur muet répondant au cahier des charges de la fonction.

Les formes archétypales présentées, semblent des monolithes taillés directement dans la vérité de la matière, références implicites à l’art primitif, archaïque et populaire. La table Cairn en travertin résiné noir ou marbre Paonazzo est inspirée des amas de pierres jalonnant les reliefs. La table Utah en marbre blanc pur ou noir pur, souligne une architecture sur piètement double elliptique, dominée par un double plateau nettement entaillé par un vide. 

La table Caldeira, dont le plateau circulaire est porté par trois pieds en bronze patine brun/vert avec dégradé foncé en haut et clair en bas, semble émerger du sol. La table Pembroke en chêne massif brossé, teinté noir et brun, évoque le dolmen, monument mégalithique, mais aussi les formes libres de Charlotte Perriand. La table Mangrove est le seul modèle associant deux matériaux, le verre et le bronze ciselé, joints naturellement. 

Les surfaces, de bronze poli, de bois ou de pierre accrochent la lumière. Ces objets dessinés et fabriqués sont porteurs d’un pouvoir affectif irremplaçable, leur épiderme exacerbe la sensualité. Le dessin à main levée cadre le détail, le plan précise la raison et le discours engage l’intention. 

Ces formes d’une profonde simplicité, d’une belle universalité, définissent une quête pour une poétique moderne. Le design totémique plonge aux sources d’une nature généreuse et essentielle.

 



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