Longtemps considérée comme une ville de passage, Lyon (69) est désormais l'une des métropoles françaises incontournables. Capitale de la culture européenne en 2013, terre de la Fête des Lumières, de la Biennale d'Art contemporain, et accueillant désormais la Coupe du Monde de Football féminin, Lyon n'a plus rien à prouver. Il lui manquait peut être encore un lieu à la hauteur de ses ambitions, entre luxe et patrimoine. Et c'est là que Jean-Philippe Nuel intervient.

Niché au cœur de l'un des plus impressionnants monuments de la capitale des Gaulle, l'Hôtel Intercontinental lyonnais transmet l'histoire de cet ancien hôpital à l'architecture d'exception. Fermé en 2010, l'hospice accueillait malades et femmes enceintes depuis près de huit siècle, ayant ainsi – d'après la légende – contribué à la naissance d'un Lyonnais sur trois depuis plusieurs décennies. Doté d'une façade monumentale de 360 mètres défilant le long du Rhône, l'Hôtel Dieu est un joyau architectural, paré notamment d'un grand dôme culminant à 32 mètres signé Soufflot, célèbre pour avoir été l'architecte en chef de Notre Dame de Paris durant 20 ans et pour avoir réalisé le Panthéon entre 1757 et 1790.

La réhabilitation d'un tel bien patrimonial – comprenant la plus grande opération de rénovation privée d'un site classé – contenait donc bien sûr son lot de contraintes et ne devait en aucun cas dénaturer l'édifice constituant l'un des épicentres de la ville des lumières. Afin de valoriser l'enveloppe spectaculaire dans laquelle le lieu de résidence prend place, l'architecte d'intérieur Jean-Philippe Nuel préconise une ambiance « monacale et précieuse » selon ses propres mots. Un luxe humble et discret, ne volant surtout pas la vedette à la pierre et aux volumes de l'Hôtel Dieu, mais, au contraire, créant un pont entre la riche histoire de l'ancien hôpital et sa nouvelle vie, entre le XIXème siècle et la période contemporaine.

Les 13 000 mètres carrés de l'Intercontinental sont répartis sur 3 étages. Le rez-de-chaussée, scindé en deux par une rue centrale ouverte à tous, comprend, d'une part, un espace de réception et de l'autre, le restaurant Epona, une salle lumineuse s'ouvrant sur une terrasse paisible aux allures de cloître. Situé en retrait à ce niveau, un centre de conférence de 1 500 mètres carrés nommé l'Académie prend place dans l'ancien jardin pharmaceutique et comporte 12 salles de réunions modulables dont une plénière de 433 mètres carrés.

Les deux et troisièmes niveaux sont dédiés aux 144 chambres et suites réparties en plusieurs catégories constituent un ensemble harmonieux de pénates aux textures et aux choix de couleurs similaires. Allant de 28 mètres carrés pour les Chambres Supérieures à 40 mètres carrés pour les Chambres Deluxe, la première catégorie offre des vues sur les cours et les jardins historiques du Grand Hôtel-Dieu tandis que les Chambres exécutives avec vue – de même superficie – s'ouvrent sur le quartier de la Fourvière ou le Rhône.
Un panorama sur le fleuve dont bénéficient également les locataires des Suites Duplex (45-55 mètres carrés), chambres emblématiques de l'auberge. Dotées de larges fenêtres doubles hauteur s'élevant à 7 mètres, ces appartements comprennent un salon au rez-de-chaussée et un espace nuit ainsi qu'une salle de bain au sous-sol.
Plus grande Suite lyonnaise, la Suite Présidentielle concentre tout le luxe de l'établissement dans ses 150 mètres carrés (pouvant s'étendre à 210 mètres carrés grâce à deux chambres communicantes). Obéissant à un traitement de couleurs différent que ses voisines, son décor alterne motifs floraux et camaïeu de rouge et s'ouvre sur un balcon traversant dominant le Grand Dôme.

Espace d'exception, ce Grand Dôme constitue le cœur de l'hôtel. Jadis abritant une chapelle ouverte sur les salles où reposaient les malades, la coupole de 500 mètres carrés héberge désormais le bar de l'hôtel. Avec son architecture néo-classique et son sol en marbre damé, le lieu ne cherchait qu'à être sublimer, sans grand effort. Une tâche à laquelle s'est attelé Jean-Philippe Nuel en proposant un mobilier élégant et discret, alternant banquettes convexes en toiles unies de 7 mètres de long et soieries lyonnaises Verel de Belval. Afin que les clients ne sirotent pas leurs cocktails dans un brouhaha inaudible, le maître d'œuvre installe de grands paravents aux propriétés acoustiques apparaissant comme une seconde peau. Des œuvres de Manuel Paul Cavaillier terminent d'habiller ce lieu déjà exceptionnel.

Temple de luxe et du bon goût, l'Intercontinental Lyon – Hôtel Dieu redonne ses lettres de noblesse à un monument délaissé depuis bientôt 10 ans.

Intitulé du projet : Intercontinental Lyon – Hôtel Dieu
Lieu : Paris (75)
Maîtrise d'ouvrage : Intercontinental Lyon – Hôtel Dieu
Maîtrise d'œuvre : Jean-Philippe Nuel
Surface : 13 000 m²
Montant des travaux : NC
Calendrier : Livraison 2019 

Pour en savoir plus, visitez le site de Jean-Philippe Nuel

Photographies : Eric Cuvillier

Zoé Térouinard



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