L'agence d'architecture de Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard viennent de livrer cet immeuble de 18 logements sociaux HQE. Situé à l'angle du boulevard de la Chapelle et de la rue d’Aubervilliers, ce volume sculpté s'habille d'une peau de béton brut matricé dont la texture évoque celle de la pierre écorchée.

Dans le hall d'entrée, Noémi Schipfer et Takami Nakamoto de Nonotak Studio ont réalisé une intervention artistique figurant une foret stylisée "Hide and Seek".

Sur ce projet, l'agence Bigoni-Mortemard précise:

"A l’angle du boulevard de la Chapelle et de la rue d’Aubervilliers, la partie neuve de l’opération est venue remplacer un traditionnel relai de poste du 18ème siècle. Son état de délabrement n’a pas permis d’en conserver le bâti, mais une enquête publique a imposé d’en reconduire la faible volumétrie, limitant ainsi la construction à quatre nivaux sur rez-de-chaussée. Au 4 rue d’Aubervilliers, l’intervention intègre encore la réhabilitation d’un immeuble de 6 étages et du rez-de-chaussée conservé mais très largement remanié de la construction sur cour.

La réunion de ces deux parcelles a été l’occasion d’en modifier la distribution. L’unique entrée de l’opération se fait aujourd’hui, depuis le boulevard, au travers d’un porche vitré ouvrant sur la cour. Ses parois accueillent une œuvre de l’artiste Noémi Schipfer et de l’architecte Takami Nakamoto figurant une forêt stylisée dont le tracé de rayures parallèles fait écho aux moucharabiehs de serrurerie qui habillent les façades intérieures.

Espace commun de distribution et de rencontre, la cour donne accès à deux halls ainsi qu’à un logement individuel en fond de parcelle. Gravier de marbre, résine de sol, murs de béton peint ou d’enduit, serrurerie laquée, toutes les surfaces sont uniformément habillées de blanc, permettant à la lumière de s’y diffuser jusque dans les niveaux bas. Deux cerisiers du Japon viennent ici marquer les saisons. L’immeuble neuf accueille 11 logements bénéficiant tous de deux ou trois orientations. Studios et deux pièces prennent place derrière la courbe de la façade, leur séjour embrassant le panorama parcouru par le métro aérien. Les appartements plus grands présentent un ample séjour traversant, cœur distributif du logement, qui donne accès à une cuisine ouverte en léger retrait, à une généreuse loggia et à un ou deux espaces regroupant chambres et pièces d’eau.

La façade sur la ville cherche l’ambiguïté. Surface continue jusqu’aux limites de la construction, elle est constituée de béton brut matricé dont la matière rugueuse évoque un écorché de pierre. La lasure vernie qui la teinte de blanc en la protégeant des agressions urbaines (pollution, tags...) lui confère quant à elle une finition satinée abstraite. Sur la rue, elle tend vers la simplicité, développant ses quatre niveaux au dessus de la vitrine continue d’un commerce. Sur le boulevard, son dessin plus composé évoque la forme épurée d’une arborescence. A l’intersection, un angle incurvé mettant à profit la continuité des volumes vient interpréter le pan coupé imposé par la maîtrise d’ouvrage.

Inscrits dans la tradition parisienne, les percements verticaux vont à l’épure. Seul le vitrage des fenêtres et de leur garde-corps est donné à voir. Dissimulées derrière un redans réservé dans les tableaux de béton, les menuiseries et leurs stores se veulent absents.

L’immeuble réhabilité a nécessité la reprise complète des structures porteuses. Une charpente de béton est venue se glisser à l’arrière des façades conservées. Chaque étage y accueille aujourd’hui un logement de quatre pièces dont la distribution s’apparente aux logements neufs. Les façades reprises à l’enduit tradition- nel se fondent silencieusement aux immeubles voisins."

Photographies: Bigoni Mortemard

Pour en savoir plus, visitez le site de Bigoni-Mortemard.



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