Lauréate du concours lancé en 2014 par la marque automobile Renault, l'agence ChartierDalix, remodèle le Centre de design de l'iconique technopôle du groupe, construit en 1996 à Guyancourt (78). Une architecture industrielle où les espaces de travail se mêlent à des zones de convivialité et d'échange. En somme, une main de fer dans un gant de velours.

Si le duo d'architectes composé de Frédéric Chartier et Pascale Dalix fait aujourd'hui les gros titres des journaux pour son projet de renouveau pour la Tour Montparnasse, qu'il vient de remporter aux côtés des agences Franklin Azzi Architecture, et Hardel et Le Bihan, il mérite également d'être remarqué pour une autre rénovation : celle du Centre de Design de l'entreprise Renault.

Lors de la compétition lancée en 2014, l'agence parisienne s'est particulièrement distinguée de ses concurrents par son respect du bâti d'origine dont les principales caractéristiques architecturales ont été conservées – structure métallique et toiture crénelée – ; mais aussi fonctionnelles – ateliers au rez-de-chaussée ; studios et circulations sur la mezzanine située à 3,6 mètres de hauteur afin de permettre le passage des véhicules. Chacun de ces services étant organisé autour d'espaces collectifs mis à disposition des collaborateurs : zones de travail informelles ou de détente. Les concepteurs se sont par ailleurs illustrés par leur démarche : le chef de projet de cette rénovation, Mathieu Terme, s'étant installé sur place trois jours par semaine durant la phase d'étude, dans le but de mieux en saisir les pratiques et usages.

Les besoins actuels de la marque, ne sont plus ceux d'hier. Ainsi, la technopôle, livré en 1996, n'était plus adapté. Dans le Centre de Design, les effectifs du personnel ont par exemple doublé depuis son ouverture, passant de 260 à 500, et le nombre de marques pour lesquelles ces centaines collaborateurs officient a été multiplié par 5 – Renault, Samsung, Motors, Alpine et Lada. À nouvelles perspectives, nouvel écrin donc, nommé R*Generation. R pour Renault bien entendu, mais aussi pour Régénérer, Revitaliser, Réactiver, Recréer, Ressourcer, Réaliser, Restructurer, ou encore Reconfigurer, mots qui illustrent un changement de paradigme du fabricant.

« Ce projet est le reflet d'un monde professionnel qui change, qui se décloisonne et qui admet que le confort et la domesticité stimulent l'efficacité et la créativité. » Frédéric Chartier, co-fondateur de l'agence ChartierDalix

Dans cette optique, la marque au losange pense dorénavant l'espace de travail comme un outil à part entière dans le processus de création ; un lieu provocant les opportunités de rencontres et de synergies entre les différents métiers que ce hangar héberge – tels que designers, modeleurs, maquettistes ou experts qualité. Pour favoriser la mobilité et les interactions entre employés, les architectes ont dessiné des plateformes connectées « non-hiérarchisée » – wifi et prises électriques sont disposées un peu partout –, où tout le monde peut s'installer, tout en respectant la tranquillité de chacun par un fort travail sur les vues et l'acoustique. Outre cette attention portée sur l'intimité, ce traitement permet, dans ce qui est l'un des plus grands centres d'innovation au monde, d'assurer une certaine confidentialité. Afin que cette dernière soit assurée, les concepteurs ont en outre imaginé une surface tampon positionnée à l'entrée du site, où éléments intérieurs et extérieurs peuvent interagir sans mettre en péril les secrets que l'institution renferme.

Des zones ouvertes à tous sont donc disséminées un peu partout dans le Centre de Design. Elles permettent de multiples formes d'appropriation grâce à des formes et typologies variées : petites alcôves, gradins, grands plateaux et ateliers, dont le mobilier (tabourets, galettes et luminaires) et la signalétique ont été réalisés par le studio Joran Briand Associés. Entre chacune de ces aires, les architectes ont mis en place des jeux de transparences entre les cloisons. Selon les usages et la nécessité de confidentialité ces dernières sont, grâce à de la sérigraphie et une série de voilages, translucides pour une aire de rencontre ou opaques pour un local technique.
Pour que tout le monde se sente comme à la maison dans le vaste volume industriel, rideaux et panneaux de bois brut ont été installés. Ces éléments chaleureux contrastent avec la production utra-technologique du site.

Les architectes ont ainsi résolu de multiples gageures en créant un lieu à la fois ouvert, pour favoriser les échanges, et fermé, afin d'assurer la discrétion nécessaire à la production industrielle. Un concept nommé « confidentialité active » par l'agence ChartierDalix.

Pour en savoir plus, visitez le site de Chartier Dalix

Photographies : Takuji Shimmura



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