Depuis le mois de février dernier, le Centre d'accueil de la mer des Wadden (Danemark) accueille les passionnés d'ornithologie et de nature. Réalisé sur un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO par une enfant du pays, Dorte Mandrup, ce colosse géométrique tout de chaume coiffé, n'est régi que par un maître mot : « respect », qu'il s'agisse de l'architecture locale, du paysage, de la faune ou de la flore.

Au sud-ouest du Danemark : la région du Jutland, un paysage fait de marais, de dunes et de bruyères, façonné par les vents de la mer du nord. C'est ici, à Esberj, sur une large bande littorale de 500 kilomètres de long, que s'étend la mer des Wadden. Une biosphère unique considérée comme le plus grand système ininterrompu de vasières et de bancs de sable à marée de la planète. Un paysage à couper le souffle donc, qui mène en 1989 à l'installation du Centre éponyme, à vocation éducative. Un édifice victime de son succès, à tel point qu'il ne suffisait plus pour accueillir le flot de curieux venus observer les oiseaux migrateurs y transitant chaque année – entre douze et quinze millions au printemps et à l'automne. Un concours d'architecture est ainsi lancé par la Municipalité d'Esberj en 2016 pour sa rénovation et son extension, financées par une fondation privée dont fait notamment partie l'armateur Mærsk.

Parmi les quatre projets retenus, c'est celui de Dorte Mandrup qui est déclaré lauréat pour son intégration paysagère exemplaire dans un milieu fragile. Après un an et demi de travaux, le maître d'œuvre transfigure et étend le bâti d'origine, offrant ainsi aux 100 000 visiteurs annuels du site, un ensemble de plain-pied dont les lignes de composition entrent en résonnance avec l'immense territoire de plaine où il prend place. Un profil géométrique inspiré du panorama linéaire de la mer des Wadden, dont la matérialité fait écho aux maisonnettes du Jutland recouvertes de chaume, ressource renouvelable connue pour ses qualités isolantes thermiques et phoniques, mais également pour sa résistance à l'air salin. Une technique de pose et un matériau local ici détournés, et mis en œuvre dans des pans biseautés monumentaux, de la toiture aux façades. Une surface de pose et une quantité de paille si importantes, qu'elles ont exigé l'intervention conjointe de trois entreprises du cru. Un épais habit qui va se colorer avec les temps et se parer de mousse, à l'image des logis du Jutland.

Cette carapace végétale taillée au cordeau camoufle un bâtiment principal en U hébergeant dans un de ses bras un espace de restauration et dans le L restant, la surface d'exposition divisée en sept séquences, dans une scénographie réalisée par Johan Carlsson de JAC studios. L'immersion dans le lieu commence par une introduction historique, géologique et géographique sur ce vaste territoire protégé et termine par une salle d'observation sur les alentours, composée de longues-vues. Le visiteur pénètre ici dans un intérieur humble et particulièrement généreux en informations sur les animaux et végétaux vernaculaires, permettant de les admirer, étudier et comprendre. Côté cour, la nouvelle aile fait face à la construction initiale – contenant bureaux et salles d'apprentissage –, qui cache un autre appendice, parallèle, hébergeant deux autres pièces dédiées à la sensibilisation. L'ensemble clôt un patio paysagé au platelage en robinier, inspiré de la toundra indigène. Le reste de la parcelle n'a, quant à elle, subi aucun terrassement, minimisant de cette manière l'impact environnemental de l'intervention de 2 800 mètres carrés.

Un édifice esthétique et didactique fidèle et respectueux de ce qui l'entoure, qui offre la possibilité d'en apprendre plus sur ce sanctuaire et sur ses occupants, si petits et saisonniers soient-ils.

Photographies : Adam Mørk et Colin John Seymour

Pour en savoir plus, visitez le site du Wadden Sea Centre



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