Jusqu'au 2 juillet la Cité de l'architecture et du patrimoine rend hommage à l'architecte Georges-Henri Pingusson, « l'une des dernières figure du mouvement moderne français à n'avoir fait l'objet d'aucune exposition rétrospective », comme le livre le commissaire de l'événement, Simon Texier.

À l'étage de la Cité de l'architecture et du patrimoine, l'institution présente en cinq actes et quatre frises chronologiques le travail de l'architecte clermontois Georges-Henri Pingusson (1894-1978), « l'architecte aux deux chefs d'œuvre », comme se plaît à le nommer Simon Texier, historien de l'architecture et professeur à l'Université de Picardie Jules-Verne. Au-delà de ces deux figures de proue – le Latitude 43 à Saint-tropez (83) livré en 1932 et le Mémorial des martyrs de la déportation à Paris (4e) achevé trente ans plus tard –, aux typologies très différentes, l'exposition révèle cinquante années d'une pratique professionnelle très variée. Cette dernière a ici été découpée par son commissaire en quatre périodes : « Régionalisme et Art déco (1925-1930) », « Modernisme et modernisation (1931-1939) » « Reconstruire et aménager (1940-1953) » et « Confirmer et transmettre (1954-1978) » ; auxquelles s'ajoute un aparté sur son travail sur le mobilier et le design.

Le visiteur découvre donc en premier lieu une production aux accents régionalistes, principalement des maisons, bien éloignées des lignes modernistes qui caractériseront par la suite son travail. « On ignore quand s'est opéré le virage », livre Simon Texier au sujet de ce changement de style. En tant que membre de l'UAM, « il était aux premières loges de l'architecture moderne française. Mais comme il était volontairement à contre-courant, il s'est placé souvent à la marge, ce qui fait toute sa beauté, même s'il en a payé le prix », constate l'historien, précisant que ce postulat lui a valu d'être exclu des chantiers de la Reconstruction.
Puis la scénographie amène ainsi les curieux à découvrir les œuvres représentatives de cet architecte formé aux Beaux-Arts. D'abord le Latitude 43, hôtel en béton blanc tout en coursives et demi-niveaux, première « barre » de logement de la Côte d'Azur mais surtout parangon moderniste ; puis ses églises, le Mémorial des martyrs de la déportation, ouvrage enterré à l'extrémité de la Cité, aussi discret que son évocation est puissante ; et enfin la reconstruction du Vialle de Grillon (84), dont il ne verra malheureusement pas la fin.

Une exposition qui se veut non-exhaustive mais qui permet de découvrir un architecte iconique par le biais de ses œuvres maîtresses. Le tout dans un lieu et avec un commissaire d'exposition qui font particulièrement sens, puisque Georges-Henri Pingusson avait légué ses archives à la Cité de l'architecture et du patrimoine et que Simon Texier a soutenu en 1998 la thèse de doctorat : Georges-Henri Pingusson, architecte (1894-1978) : l'architecte comme "transcendance poétique du concret", ou l'impossible doctrine.

Une cohérence, pour un événement hommage à la production d'un esthète décédé il y a de cela quarante ans.

Pour en savoir plus, visitez le site de la Cité de l'architecture et du patrimoine

Photographies/Illustrations :
© ENSBA, Cité de l'architecture & du patrimoine / Archives d'architecture du XXe siècle (sauf mention contraire)

01- 1929-1930. Sanatorium, Aincourt, pers. du bâtiment principal, n.d., cliché Chevojon Affiche de l'exposition
02- 1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez, pers. des fauteils de repos et table basse pour le hall, n.d
04-08 Gaston Bergeret
09- 1926-1931. Centrale thermique au charbon Arrighi, Vitry, avec Paul Furiet, pers. de l'usine
10- 1926-1931. Centrale thermique au charbon Arrighi, Vitry-sur-Seine, étude pers. pour la porte d'entrée principale, 1929 11- 1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez, affiche publicitaire, 1932, imprimerie Chachouin © ENSBA, Cité de l'architecture & du patrimoine / Archives d'architecture du XXe siècle
12- 1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez, pers. aérienne de l'aménagement des terrasses 13- 1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez, vue extérieure, n.d., cliché anonyme
14- 1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez, vue partielle de la façade, n.d., cliché anonyme
15- 1954-1962. Mémorial des martyrs de la Déportation, Paris 4e, perspective
16- 1954-1962. Mémorial des martyrs de la Déportation, Paris 4e, vue de l'escalier sud menant au parvis, n.d.
17- 1954-1962. Mémorial des martyrs de la Déportation, Paris 4e, vue du chevet de Notre-Dame de Paris, n.d. cliché R. Bouwens, Paris
18- 1954-1962. Mémorial des martyrs de la Déportation, Paris 4e, vue intérieure avec une femme n.id., n.d.
19- 1954-1962. Mémorial des martyrs de la Déportation, Paris 4e, vue intérieure, n.d. cliché R. Bouwens, Paris
20- Boust Saint-Maximin © Région Grand Est – Inventaire général, Ph.G.Coing
21- Fleury_la Nativité de la vierge, nef © Région Grand Est – Inventaire général, Ph.G.André
22- Perspective extérieure de l'église Jésus-Ouvrier à Arcueil, n.d., [1938]
23- Trappe à linge de la maison usinée présentée à l'Exposition d'urbanisme et d'habitation à Paris, cliché Studio Jean Collas, Paris, n.d. [1946-1947]
24- Vue extérieure de la maison usinée présentée à l'Exposition d'urbanisme et d'habitation à Paris, cliché Studio Jean Collas, Paris, n.d. 1946-1947
25- Vue intérieure d'une chambre au Salon des artistes décorateurs, 1930, cliché Chevojon



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