À Boulogne-Billancourt (92), le mythique site de Roland Garros fait peau neuve. Aux commandes de ce projet titanesque d'agrandissement et de rénovation de 11,16 hectares : Chaix & Morel et associés pour la partie urbaine et architecturale – hors terrains principaux –, et W&Cie pour l'identité visuelle. Une intervention qui prolonge la tradition d'excellence de cette institution du tennis français et lui permet de conserver sa place dans le court des grands.

Construit en 1928 pour accueillir la Coupe Davis, Roland Garros devait se moderniser pour mieux répondre aux usages et enjeux actuels de développement durable, et de réception du public et des usagers – joueurs, arbitres, ramasseurs de balles, etc. Mais que faire ? Reconstruire ailleurs ou modifier l'existant. En 2011, les élus tranchent : Roland Garros restera à Boulogne-Billancourt, aux portes de Paris, ou ne sera pas. Dès l'année suivante, un concours d'architecture est lancé par la Fédération Française de Tennis (FFT) pour la rénovation et l'agrandissement du site et de sa capacité d'accueil, tout en diminuant le nombre de terrains.
Une compétition remportée par l'agence Chaix & Morel, qui prévoit la destruction du court n°1 dès la fin du tournoi 2018, au profit d'une place publique centrale – dites des Mousquetaires –, tandis que 80 % du courts Philippe Chatrier vont être détruits cette année afin de permettre son extension et la réalisation d'une toiture mobile – puisque Roland Garros sans pluie n'est pas vraiment Rolland Garros... En parallèle, une nouvelle structure, œuvre de l'architecte Marc Mimram, est en cours d'édification à l'est du triangle historique : dans une partie des Jardins des Serres d'Auteuil.
L'opération représente un grand chelem à elle toute seule, puisqu'il s'agit d'un chantier en site occupé, initié en 2015, qui devrait être achevé en 2020 (2021 pour la phase paysagère imaginée par Michel Corajoud). Cinq années de construction donc, entrecoupées par quatre périodes de standby de 2 mois et demi, imposées par le tournoi de tennis.

 

Au cœur de ce remaniement du lieu mythique : le Village, bâtiment d'organisation du tournoi, installé entre les fameux courts Suzanne Lenglen et Philippe Chatrier. Familière de la conception de théâtres, l'agence parisienne Chaix & Morel et associés a ici imaginé un édifice en verre émaillé et résille métallique inox en R+3, sur un socle en béton brut. Il est organisé en gradin autour d'une cour de 880 mètres carrés, telle la place d'un hameau, autour de laquelle sont répartis deux niveaux de salons réservés aux partenaires, coiffés par deux étages réservés au personnel de la FFT. En-dessous de cette superstructure, c'est tout une vie parallèle qui se trame avec des espaces dédiés aux joueurs, aux 250 ramasseurs de balles et aux 400 arbitres.
Les aménagements intérieurs et la signalétique de tout le site et du village, ont quant à eux été confiés par la FFT à W&Cie. Le studio de design, de stratégie et de communication, y imagine notamment un vaste hall blanc et bois – du bananier –, avec panamas suspendus, un clin d'œil à cet élément vestimentaire devenu représentatif de la compétition.

« Chaix & Morel et associés ont fait la coque, nous lui avons donné son esprit intérieur. » Gilles Deléris, co-fondateur et directeur de la création, W&Cie

Avec 8,5 hectares au départ, pour 11,16 hectares à l'arrivée – dont une partie sera rendue au public, une fois les trois semaines de matchs passées –, Roland Garros redore son image sur la scène internationale. Sans compter sur le fait qu'à l'issue des travaux, une diminution de 80 % de la consommation d'eau potable est prévue, 120 arbres supplémentaires auront été plantés, et les risques d'inondation réduits grâce à une augmentation de 37 % des zones de pleine terre et la création de bassins de rétention.

Un chantier titanesque discret. En somme, un bel oxymore qui poursuit l'histoire prestigieuse du lieu mythique.

Pour en savoir plus, visitez le site de Chaix et Morel et associés et W&Cie

Photographies/Illustrations :
1) © 11h45
2) © Corinne Dubreuil / FFT
3) Plan masse © Chaix et Morel et associés
4) Le court Simonne Mathieu (arch. Marc Mimram) © Christophe Gibbaud / FFT
5) © CMA
6-7) © 11h45
8-9) Pauline Ballet / FFT
10-13) DR (courtesy of W&Cie)



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