Dahlia Subasi a étudié les sciences et la médecine avant de se consacrer à l'architecture et au design. Aujourd'hui, elle allie son savoir scientifique à son amour du beau pour fabriquer des objets écoresponsables en mycélium de champignon et matériaux naturels. Rencontre avec une créatrice engagée dans la lutte pour la protection de l’environnement.

Muuuz : Comment votre parcours pluridisciplinaire s'est-il construit ?
Dahlia Subasi : Depuis mon enfance, j’ai toujours eu un côté très créatif et un autre beaucoup plus scientifique. J’ai d’abord choisi de faire des études de médecine pour leur dimension humaine et sociale, mais le manque de créativité dans ce domaine m'a vite fait comprendre que ce n'était pas la voie que je devais suivre. Après quatre ans de médecine, j'ai décidé d'étudier l'architecture dans une école d'art, la Central Saint Martins à Londres, où j'ai finalement été épanouie. Il ne me restait plus qu’à combiner ces deux savoirs.

Comment en êtes-vous arrivée à réfléchir sur l'écoconception ?
J'ai toujours été intéressée par les innovations, et j'ai donc beaucoup lu à ce sujet. La recherche de nouveaux matériaux, et en particulier de ceux sensibles à l'environnement, me fascine. Je trouve cela passionnant.

Comment sont nés vos objets « Teşekkül » réalisés en mycélium et matériaux naturels ?
Je voulais absolument trouver un moyen de combiner mon savoir scientifique acquis en médecine avec les domaines de l'architecture et du design. J'ai fait beaucoup de recherches sur le mycélium et j’en suis tombée amoureuse. J'ai commencé à faire des expériences avec plusieurs espèces de champignons pour faire pousser du mycélium. Ensuite, j’ai construit des moules pour donner une forme à mes créations et j'ai testé les limites de ce matériau si intéressant. Il y a encore tant d’idées que j’aimerais explorer.

Quels sont les enjeux de ces créations ?
Le mycélium est un organisme vivant. Pour qu'il puisse croître, les conditions idéales doivent être réunies. Il m'arrive parfois de trouver de la moisissure dans mes cultures qui est causée par une contamination de microbes. Pour cultiver le mycélium, il faut également beaucoup de patience. Le mycélium prend du temps à pousser. S’il est contaminé, tout est à recommencer. C’est là que se trouve tout le challenge de mon projet. Comme je suis assez impatiente et impulsive, ce travail m’apprend à être tolérante et indulgente avec moi-même, ainsi qu’à réfléchir à mes erreurs.

Selon vous, que signifie l'écologie aujourd'hui ?
L’écologie devrait être inclue dans notre manière de penser et de voir les choses. C'est un sujet très complexe. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en considération. En ce qui me concerne, je m’intéresse surtout à la création de matériaux respectueux de l’environnement et suivant les règles d’une économie circulaire. Cependant, utiliser des matériaux locaux et organiques ne suffit pas à créer des objets écologiques.

Qu'attendez-vous du design de demain ?
J'aimerais voir des concepts surprenants et inattendus. Quelque chose qui nous impressionne tout en ayant plus de sensibilité pour l'environnement et la recherche. Étant attirée par les matériaux et leur histoire, je suis impatiente de voir les surprises que le design nous proposera dans l’avenir. Le design et l’architecture se sont pendant longtemps concentrés sur le plaisir visuel. Je souhaiterais surtout être surprise au toucher maintenant. Tout comme les designs créés à partir de mycélium qui semblent être si fragiles mais qui sont en fait très solides. Ce qui m’a passionné le plus avec le mélange de mycélium et de matériaux naturels, c’est la rencontre de légèreté avec la solidité. C’est quelque chose qui ne se comprend qu’au toucher. La réaction des personnes, qui y sont confrontées pour la première fois, me fait toujours sourire.

Pour en savoir plus, visitez le site et le compte Instagram de Dahlia Subasi.

Visuels : © Dahlia Subasi

Léa Pagnier



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