Situé dans le quartier résidentiel de De Beauvoir Town à Londres, le Goodbye Horses Pub fait son apparition. Conçu par l'architecte Leopold Banchini, ce projet singulier réinvente l'artisanat local en puisant son inspiration dans un riche mélange de références culturelles, allant des mouvements d’art folklorique japonais à l’héritage des Arts and Crafts britanniques. Le pub s’inscrit dans un dialogue complexe entre tradition et modernité, reflétant la diversité culturelle de la métropole londonienne.

Le lien entre le mouvement japonais Mingei et le mouvement britannique des Arts and Crafts est souvent souligné dans le monde du design. William Morris, figure clé des Arts and Crafts, a fortement influencé la pensée de Yanagi Sōetsu, fondateur du Mingei. Les deux mouvements partagent une critique commune de l'industrialisation et de la production de masse pour le profit. Cependant, alors que le Mingei s'est efforcé de se détacher des influences occidentales pour promouvoir une identité locale unique, la relation entre ces deux traditions artistiques a évolué de manière complexe au fil du temps.

Le Goodbye Horses Pub, dans sa conception, explore ces influences croisées et cherche à réintroduire une réflexion contemporaine sur l'artisanat local. L’usage de matériaux naturels, d’inspirations multiples, et de savoir-faire régionaux est au cœur de la conception du pub, symbolisant l'harmonie entre le passé et le présent.

L'élément central du Goodbye Horses Pub est sans conteste son impressionnant comptoir en chêne massif de dix mètres de long. Conçu pour être à la fois un bar, un plan de travail de cuisine et une table à manger, il s'étend dans l’espace comme une colonne vertébrale. Ce meuble en bois, réalisé à partir d’un seul chêne centenaire, révèle chaque détail du matériau : les veines, l’écorce et les fissures de l’arbre sont mises en valeur, témoignant du respect accordé à ce géant de la nature.

Autour de ce bar, des meubles sur mesure ont été conçus dans la même essence de bois, renforçant l’aspect artisanal du lieu. Les tabourets et luminaires, également en chêne, intègrent d’autres matériaux nobles comme le papier de chanvre japonais, le verre soufflé à la main en Italie, la pierre volcanique et le laiton oxydé. Ce mélange audacieux entre des matériaux et des techniques issus de cultures variées fait écho à un équilibre entre tradition et innovation, où le style médiéval anglais rencontre la simplicité esthétique japonaise du wabi-sabi.

Les murs en briques d'origine ont été restaurés et recouverts de badigeon à la chaux et de crépi rustique, techniques utilisées depuis des siècles. Le plafond, quant à lui, est orné d’un plâtre à la chaux texturé à la main, tandis que le sol en terre battue, composé de terre, de paille et d’argile, rappelle les pubs de campagne d’autrefois.

À l'extérieur, des dalles de pierre de York récupérées sont utilisées pour le sol du jardin et les zones à fort passage, ancrant encore davantage le projet dans une démarche de durabilité et de réutilisation de matériaux.

L’artiste britannique Lucy Stein apporte une dimension artistique forte au pub avec ses rideaux en toile de jute peints à la main. Inspirée par le folklore et la mythologie britannique, Stein utilise des motifs contemporains pour filtrer la lumière naturelle, rappelant l'effet des vitraux d’antan. Ses œuvres, à la fois évocatrices et radicalement modernes, traduisent de manière poétique la tension entre les problématiques globales actuelles et le discours local cher à William Morris deux siècles auparavant.

 

Visuels © : Rory Gardiner



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